Le compost, tout le monde connaît le principe, et chacun a sa recette. Mais la plupart des jardiniers ne s’embêtent pas avec des règles complexes, et suivent aveuglément quelques préceptes… pas toujours très judicieux. Retour donc sur les gestes à éviter – et sur ceux à suivre – pour un terreau naturel au top. A vos marques ! Prêts ? Compostez !
« On peut tout mettre dans le compost, tant que c’est naturel »
Le compost ? Facile. Je jette tous les déchets organiques et biodégradables au même endroit, et il n’y a plus qu’à attendre quelques mois pour obtenir un engrais de choix pour mon jardin ou mon potager. Eh bien non, pas vraiment ! Créer un compost revient à bâtir un réel écosystème, et il s’agit de respecter quelques mesures qui permettront de recycler efficacement vos déchets végétaux.
Ce qui provoque la décomposition des déchets (et la génération d’engrais), ce sont les bactéries et les champignons. Votre compost doit en être plein car sans eux, rien ne se perd, rien ne se transforme ! Or, pour que ces micro-organismes puissent faire leur œuvre, il s’agit de ne pas mélanger n’importe quels déchets organiques. S’il n’existe pas vraiment de restriction, c’est surtout une affaire de dosage. C’est là qu’intervient la « couleur » des déchets.
Couleur des déchets & dosage
On distingue en effet deux « couleurs » organiques : les déchets verts et les déchets bruns. Les déchets verts sont issus du jardin mais aussi des restes alimentaires. Ces déchets sont riches en eau et en azote : épluchures, restes de légumes/de fruits, tailles de haies et d’arbustes, tontes de pelouses, plantes sauvages (orties, fougères, …). Tous ces éléments seront décomposés par l’action de bactéries de différents types.
Les déchets bruns, quant à eux, sont des matières organiques sèches : marc de café, sachets de thé ou de tisanes, feuilles de thé déjà infusées, coquilles d’œufs broyées ou, plus simplement, les branchages et feuilles mortes. Pauvres en eau et en azote, ces restes sont riches en carbone, élément de base de la matière organique, qui sera décomposé par l’action de champignons et qui libérera alors le gaz carbonique.
Après la théorie, la pratique : que faire de toutes ces informations ? On a vu plus tôt qu’un compost était un écosystème qui nécessitait un certain équilibre. De fait, pour être parfaitement efficace, un compost nécessite que la proportion de déchets verts ne soit pas trop déséquilibrée par rapport aux déchets bruns. On considère que la proportion idéale est de 40% de déchets verts, et 60% de déchets bruns – certains ajoutent même un peu d’eau si l’humidité n’est pas suffisante ou si les matières organiques sont très sèches.
Grâce à cet équilibre, la libération d’azote et de gaz carbonique, par effet de la décomposition, permettra de créer un compost riche, et ce sous 4 à 6 mois.
Le tas de compost : quid des autres alternatives ?
Souvent utilisé pour les grands jardins, le tas de compost est des plus courants. On peut pourtant créer son compost quelle que soit la taille de son jardin, et même si l’on n’en possède aucun ! Il existe aujourd’hui des alternatives pour tous tels que le bac à compost, le silo composteur ou encore le fût sauveur.

Pour les citadins qui n’ont pas la chance d’avoir un balcon, le [aawp link= »B07XCPSCMS » title= »vermicompost » /] (ou lombricompostage) est possible ! Il s’agit de recycler une part importante des déchets de cuisine grâce à l’action de deux vers particulièrement voraces : le ver à fumier (Eisenia foetida) et le ver de Californie (Eisenia andrei). Oui, ceux-ci s’adapteront bien à l’intérieur et pas de panique : ils ne viendront pas visiter ou saccager votre appartement ! Le produit obtenu par ce procédé permettra d’apporter de la matière organique de première qualité à vos plantes vertes ou végétaux en pots. Si vous n’êtes pas très chaud à l’idée de recueillir une famille de lombrics et que vous vivez en ville, les initiatives de compostage collectif se multiplient : vous pouvez vous renseigner directement auprès de votre mairie.
Vous le voyez : le compost et l’utilisation des biodéchets n’est pas réservé aux grands espaces, bien au contraire. Notons d’ailleurs que la décomposition des éléments s’avère plus rapide et plus efficace dans des espaces clos et fermés, qu’on n’ouvrira que pour mélanger, de temps à autres, les déchets en décomposition. Comme quoi le « tas de fumier » n’est pas forcément le plus efficace…
« Un compost qui sent mauvais, c’est un bon fertilisant ! »
Dernière idée reçue à propos du compost : s’il sent (mauvais), alors il sera très efficace. En fait, c’est plutôt l’inverse ! Si votre compost répand de mauvaises odeurs, notamment d’œuf pourri (odeur de soufre), cela peut signifier que les déchets manquent d’oxygène ou d’aération pour une décomposition réelle. Un bon compost doit davantage sentir l’humus des sous-bois plutôt que le poisson pourri !
Notons d’ailleurs que le poisson, comme la viande, ne sont pas des éléments à ajouter au compost. Il en va de même pour les oignons (qui sont toxiques pour les bactéries), les produits laitiers, la charcuterie, les croquettes ou pâtées pour chat et chien, ou encore les excréments canins. Tous ces déchets ne favoriseront pas la décomposition, et risquent plutôt d’attirer les petits carnivores nocturnes et diurnes.
Aussi, évitez d’ajouter d’un seul tenant une grande quantité d’un déchet organique (par exemple des kilos de tonte de pelouse). Pour que le compost soit de qualité, il faut qu’une biodiversité réelle puisse s’y installer. Privilégiez plutôt des éléments de petite taille ou préalablement broyés, et issus des déchets verts comme des déchets bruns. Prenez également soin de vérifier de temps à autre que la décomposition fait son œuvre. Le compost créé est un engrais de première qualité, à la fois écologique et économique : il mérite bien quelques égards…

0 commentaires